A toi appartient le regard
A toi appartient le regard et à toi appartient la liaison infinie entre les choses
Dans une riche exposition, vingt-six photographes et artistes contemporains abordent les questions d’identité, de mémoire et d’effacement.
Il faut aller à Paris au Musée du quai Branly, ne serait-ce que pour cette introduction vertigineuse :
dans un long ruban d’images qui serpente sur le mur, un même visage vous scrute, 666 fois le même et 666 fois différent. Impossible d’échapper à ce regard intense, souvent douloureux.
Comme l’indique le joli titre de cette exposition vaste et passionnante,
« A toi appartient le regard et (…) la liaison infinie entre les choses »,
emprunté à l’écrivain allemand August Ludwig Hülsen (1765-1809), il est question ici de regards qui se croisent et de points de vue décalés.
« J’ai aimé cette idée que l’œil n’est pas passif.
Regarder est une action, une appropriation du monde », commente la commissaire Christine Barthe, qui pilote les collections de photographie du musée.
Beaucoup d’artistes mènent une réflexion sur l’acte même de regarder et sur les images qui peuplent l’inconscient
Pour cette première exposition uniquement consacrée à des œuvres contemporaines, elle a choisi avec soin vingt-six artistes de dix-huit pays, confirmés ou peu connus, majoritairement extra-européens. « Bien que le monde de l’art soit mondialisé, il y a des artistes très connus ailleurs qui ont peu d’écho ici, souligne-t-elle. L’idée n’était pas de faire une typologie, mais de les mettre en conversation. »
Claire Guillo, Photo : regards éclairés au Musée du quai Branly
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A toi appartient le regard-Exposition au musée du quai Branly - Jacques Chirac 30 juin - 01nov 2020
Citation de August Ludwig Hülsen traduite par Roland Recht dans La lettre de Humboldt, du jardin paysager au daguerréotype
En effet je ressemble en beaucoup de choses au papillon.
Comme lui j'aime la lumière, comme lui j'y brûle ma vie,
comme lui j'ai besoin pour déployer mes ailes que dans la société il fasse beau autour de moi
et que mon esprit s'y sente environné et comme pénétré d'une douce température,
celle de l'indulgence.
J'ai besoin que les regards de la faveur luisent sur moi.
Joseph Joubert, Carnets
Lorsque vous avez perdu l'être qui vous était le plus proche,
tout vous paraît vide,
vous pouvez regardez où vous voulez,
tout est vide,
et vous regardez et regardez et vous voyez que tout est vraiment vide,
et cela pour toujours.
Thomas Bernhard, Maîtres anciens
Ayez le courage de regarder la réalité en face.
Alors seulement on pourra peut-être faire quelque chose.
Herbert George Wells, Enfants des étoiles
Il en disait trop
Sans vraiment réfléchir
Puis on l'a brisé
© Justinius Digitus, Le beau miroir
Adaptation du poème "The Man with the Beautiful Eyes" (L'Homme aux beaux yeux)
par Jonathan Hodgson qui «met en avant des images vives et colorées pour raconter le poème, tardif, de Bukowski, dans lequel il se souvient de son enfance, d'un jeune homme mystérieux et sauvage dans une maison délabrée».
Texte original dans les commentaires (ci-dessous)