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Just a Finger : Galerie Littéraire
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7 décembre 2020

L'intelligence dans les chaînes perd en lucidité ce qu'elle gagne en fureur

 

 

La liberté d'expression totale, illimitée, pour toute opinion quelle qu'elle soit,
sans aucune restriction ni réserve,
est un besoin absolu pour l'intelligence.
Simone Veil, L'Enracinement

torgovlyaГосдеп США назвал страны, которые спонсируют торговлю людьми

 Toute l'histoire du contrôle sur le peuple se résume à cela : 
isoler les gens les uns des autres, parce que si on peut les maintenir isolés assez longtemps,
on peut leur faire croire n'importe quoi.
Noam Chomsky, Comprendre le pouvoir : l'indispensable de Chomsky, Deuxième mouvement 

 

This week’s photo of Churchgate Station in Mumbai, India was taken by the one and only Sebastião SalgadoPour le moment, je voudrais seulement comprendre comment il se peut que tant d’hommes,
tant de bourgs, tant de villes, tant de nations supportent quelquefois un tyran seul qui n’a de puissance que celle qu’ils lui donnent, qui n’a pouvoir de leur nuire qu’autant qu’ils veulent bien l’endurer, et qui ne pourrait leur faire aucun mal s’ils n’aimaient mieux tout souffrir de lui que de le contredire. Chose vraiment étonnante — et pourtant si commune qu’il faut plutôt en gémir que s’en ébahir -, de voir un million d’hommes misérablement asservis, la tête sous le joug, non
qu’ils y soient contraints par une force majeure, mais parce qu’ils sont fascinés et pour ainsi dire ensorcelés par le seul nom d’un, qu’ils ne devraient pas redouter — puisqu’il est seul — ni aimer — puisqu’il est envers eux tous inhumain et cruel. Telle est pourtant la faiblesse des hommes : contraints à l’obéissance, obligés de temporiser, ils ne peuvent pas être toujours les plus forts. Si donc une nation, contrainte par la force des armes, est soumise au pouvoir d’un seul — comme la cité d’Athènes le fut à la domination des trente tyrans —, il ne faut pas s’étonner qu’elle serve, mais bien le déplorer. Ou plutôt, ne s’en étonner ni ne s’en plaindre, mais supporter le malheur avec patience, et se réserver pour un avenir meilleur. Étienne de La Boétie, Discours de la servitude volontaire

 

« Avec toutes ces lois sécuritaires, nous construisons les outils de notre asservissement de demain »

Life-Size Sculptures Made With Bicycle Chains Express Deep Human Emotions

Dans un entretien au « Monde », l’avocat Patrice Spinosi dénonce une accumulation sans précédent de mesures sécuritaires et un déséquilibre institutionnel.

Depuis le traumatisme de l’élection présidentielle de 2002, tous les gouvernements ont fait voter des lois sécuritaires. En quoi estimez-vous la situation différente aujourd’hui ? 

Nous avons atteint un point de bascule pour deux raisons. D’abord, depuis la rentrée, on observe une inflation sans précédent de législations sécuritaires avec le schéma national de maintien de l’ordre, le renouvellement de l’état d’urgence sanitaire, les projets de loi sur le séparatisme et la sécurité globale. Ensuite, en raison du confinement, les Français touchent du doigt la réalité quotidienne des restrictions de liberté.

Auparavant, ces sujets étaient latents, mais personne ne se sentait vraiment concerné. Depuis plusieurs mois, nous sommes tous soumis à des mesures de contrainte exceptionnelles sans savoir vraiment quand elles seront levées. Nous prenons mieux conscience des risques d’une dérive. Il y a un an, qui aurait pu penser que nous ne pourrions plus sortir de chez nous sans attestation ou que certaines activités professionnelles pourraient être interdites sur une simple décision du gouvernement ?


Ces restrictions de liberté ne paraissent pourtant pas aberrantes face à une crise sanitaire inédite…

Peut-être. Mais la question est surtout celle de la légitimité de ces restrictions. L’Etat de droit se définit par la garantie de la séparation des pouvoirs. Le Parlement vote la loi, l’exécutif l’applique et le judiciaire la contrôle. Or, pendant un état d’urgence, qu’il soit terroriste ou sanitaire, le pouvoir législatif abandonne une partie de sa responsabilité à l’exécutif. L’exigence démocratique est mise entre parenthèses.

C’est à ce déséquilibre institutionnel que nous nous habituons. Sur les cinq dernières années, nous en avons passé trois sous le régime de l’état d’urgence. Les privations de liberté décidées en ces circonstances sont peut-être justifiées, mais qui le dit ? Un homme, Emmanuel Macron, et son gouvernement. Aujourd’hui, nous nous retrouvons à attendre fébrilement les annonces du président de la République pour savoir ce que va être notre vie dans les prochains mois. On est bien loin de la démocratie parlementaire pensée par Tocqueville et Montesquieu !


En quoi cela constitue-t-il un risque ?seo young deok3

Le risque est réel de la victoire en 2022 ou en 2027 d’un leader populiste, un Trump à la française. Il trouvera alors tous les outils juridiques lui permettant de surveiller la population et de contrôler ses opposants politiques. Il sera trop tard pour regretter d’avoir voté ces lois quand un président, avec une moindre ambition démocratique, les appliquera avec une intention bien différente de celle du gouvernement actuel.

L’article 24 de la proposition de loi sur la « sécurité globale » en est un exemple. Il représente une menace pour toute personne qui filmerait les forces de police, qu’il s’agisse d’un journaliste ou d’un simple citoyen. Selon la lettre du texte, seule la diffusion des images est sanctionnée quand elle s’accompagne de l’intention de porter atteinte à l’intégrité du policier. Mais en pratique, si ce texte passe [adopté par l’Assemblée nationale mardi 24 novembre et examiné par le Sénat en janvier], les forces de l’ordre n’accepteront plus d’être filmées. Elles useront pour cela de tous les moyens du droit pénal : confiscation du téléphone, arrestation ou garde à vue. Ceux qui auront filmé des policiers auront le droit pour eux et ressortiront libres sans poursuite judiciaire, mais l’atteinte aura été portée.

Jean-Baptiste Jacquin Publié le 25 novembre 2020

 

A shroud for lost optimism … Untitled (Ferguson Diptych, 2014, by Robert Longo

Le monde a proclamé la liberté, ces dernières années surtout ;
mais que représente cette liberté !
Rien que l'esclavage et le suicide !
Car le monde dit : Tu as des besoins, assouvis-les, tu possèdes les mêmes droits que les grands, et les riches.
Ne crains donc pas de les assouvir, accrois-les même ; voilà ce qu'on enseigne maintenant.
Telle est leur conception de la liberté.
Et que résulte-t-il de ce droit à accroître les besoins ?
Chez les riches, la solitude et le suicide spirituel ;
chez les pauvres, l'envie et le meurtre, car on a conféré des droits, mais on n'a pas encore indiqué les moyens d'assouvir les besoins.

Fiodor Dostoïevski, Les frères Karamazov 

Gueules_cassees_Gilets_jaunes-fbfedMichel Onfray réagit à la sortie martiale de Luc Ferry « Butez-les jusque dans les chiottes ! »

Il ne faut reconnaître aucune valeur sociale à l'obéissance absolue comme à la désobéissance absolue à la loi.
Prôner l'obéissance à des mauvaises lois, comme façon d'inculquer un certain servilisme abstrait à « l'ordre légal » ne peut qu'encourager les tendances déjà très répandues des citoyens de se courber devant le pouvoir de l'autorité, de refuser tout affrontement avec l'ordre établi. Exalter l'ordre légal comme quelque chose d'absolu est la marque du totalitarisme, et il est possible de créer une atmosphère totalitaire dans une société qui possède nombre des attributs de la démocratie. Revendiquer le droit des citoyens à désobéir à des lois injustes et le devoir de désobéir à des lois dangereuses, c'est la véritable essence de la démocratie, qui accepte que le gouvernement et ses lois ne sont pas sacrés mais qu'ils ne sont que des instruments, au service de certaines fins : la vie, la liberté, le bonheur.
Les instruments sont accessoires ; pas les fins.

Howard Zinn, Les sept principes de la désobéissance civile

law-enforcement-police-duty-belt-in-black-and-white-paul-ward

 

La liberté d'opinion est une farce si l'information sur les faits n'est pas garantie
et si ce ne sont pas les faits eux-mêmes qui font l'objet du débat.

Hannah Arendt, La Crise de la culture

 

Un faux billet de banque représentant un canard lors d’un rassemblement prodémocratie exigeant que le roi de Thaïlande rende les actifs royaux au peuple, à Bangkok, le 25 novembre 2020

Le crime de lèse-majesté rétabli en Thaïlande

Le redouté article 112 a été restauré, face à l’ampleur de la contestation estudiantine.
Douze meneurs de la fronde doivent se rendre à la police.

Pour la première fois depuis deux ans, alors que le mouvement de contestation de la jeunesse urbaine ne désarme pas, le redoutable outil de lèse-majesté risque à nouveau d’être utilisé par l’appareil judiciaire thaïlandais : douze des principaux meneurs de la fronde estudiantine qui ébranle le royaume depuis plusieurs mois viennent de recevoir l’ordre de se présenter à la police pour « violation » de l’article 112 du code pénal.

Cet article, dont le principe n’a cessé d’être dénoncé par les partisans du clan pro-démocratie, qui osent défier ouvertement le naguère intouchable monarque Maha Vajiralongkorn, permet de condamner à des peines allant de trois à quinze ans de prison toute personne accusée d’insulter « le roi, la reine, le prince héritier et le régent ». Cette convocation marque un tournant : Sa Majesté elle-même, – Rama X, de son nom dynastique – avait précédemment demandé au premier ministre Prayuth Chan-o-cha, un ex-général putschiste auteur du coup d’Etat de 2014, de ne plus recourir à cette loi de lèse-majesté.

Bruno Philip publié le 26 novembre 2020

dugudus-trump-blacklivesmatter-icantbreathe-georgefloyd-streetart  

Au fond des prisons, le rêve est sans limites, la réalité ne freine rien.
L'intelligence dans les chaînes perd en lucidité ce qu'elle gagne en fureur.
Albert Camus, L'homme révolté 

En appui, quartier des femmes de la maison d’arrêt de Rouen, septembre 2017 Maxence Rifflet

La rationalité sécuritaire est précisément ce qui nous piège et nous enfonce dans ce monde
où nous sommes de plus en plus transparents.
Bien sûr il y a des nécessités et des bénéfices sécuritaires mais ce monde de plus en plus transparent aura des dérives et c'est là qu'il faut travailler. L'information recueillie l'est pour de bonnes raisons mais aussi pour nous transformer et nous surveiller de toutes les manières.

Bernard Harcourt 

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– La force de la tradition, attisée par les intéressés...
Nous ne sommes pas libres, nous sommes attachés au passé.
Nous écoutons ce qui a été fait toujours, nous le refaisons ; et c’est la guerre et l’injustice.
Peut-être l’humanité arrivera-t-elle à se débarrasser, quelque jour, de la hantise de ce qu’elle fut. Espérons que nous sortirons enfin de l’immense époque de massacre et de misère. Que pouvons-nous de plus que l’espérer ?
Le vieillard s’arrêta là. Le jeune dit :
– Le vouloir.
L’autre eut un mouvement quelconque de la main.
Le jeune homme s’écria :
– À l’ulcère du monde, il y a une grande cause générale. Vous l’avez nommée : c’est l’asservissement au passé, le préjugé séculaire, qui empêche de tout refaire proprement, selon la raison et la morale. L’esprit de tradition infecte l’humanité ; et le nom des deux manifestations affreuses, c’est...
Le vieillard se souleva sur sa chaise, ébauchant déjà un geste de protestation, comme s’il voulait lui signifier : « Ne le dites pas ! »
Mais le jeune homme ne pouvait pas s’empêcher de parler :
– C’est la propriété et la patrie, dit-il.

Henri Barbusse, L'Enfer

seo young deok2

Ainsi tourne le monde ;
Manège, que domine le temps
Et que module l'histoire.
Pourtant des rênes fragiles -
Celles de la Liberté
demeurent entre nos mains.

Andrée Chedid, L'enfant multiple

pexels-photo-721996 

Du haut de ce manège
La terre tournait à l'envers-droit-vers-droit-vers ...
Et c'était bien mieux comme ça

©   Justinius Digitus, Révélations en chaîne

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le non-attachement est, de toutes les attitudes, la plus réaliste.
Elle évite de prendre ses désirs pour des réalités,
ou de toujours vouloir que les choses soient autrement.

Marylin Ferguson 

libertate Pésaj la fiesta de la liberta Melanie Ventura 

Depuis toujours
nous enchaînions les journées
et souvent nos mains

©   Justinius Digitus, Rupture

 

 

 

 

 

 

 

 

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Commentaires
J
Le monde brise les individus, et, chez beaucoup, il se forme un cal à l'endroit de la fracture ;<br /> <br /> mais ceux qui ne veulent pas se laisser briser, alors, ceux-là, le monde les tue.<br /> <br /> Il tue indifféremment les très bons et les très doux et les très braves.<br /> <br /> Si vous n'êtes pas parmi ceux-là, il vous tuera aussi, mais en ce cas il y mettra le temps.<br /> <br /> <br /> <br /> Ernest Hemingway, L'adieu aux armes
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