Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Just a Finger : Galerie Littéraire
Just a Finger : Galerie Littéraire
Publicité
Derniers commentaires
Archives
Just a Finger : Galerie Littéraire
Newsletter
16 décembre 2020

A quoi bon jouer du Beethoven quand les gens ont faim ?

 

 

Bon anniversaire Ludwig !

Ludwig van Beethoven a été baptisé le 17 décembre 1770 à Bonn,
et il est probablement né le 16 décembre 1770

Signature Van Beethoven 

« Mettre la musique au service de la communauté humaine la dignité de la personne ;
défendre les droits artistiques des citoyens »,
tels sont quelques-uns des objectifs que s’est fixé le grand pianiste Miguel-Angel Estrella.
Dans ce but, il a fondé un mouvement humanitaire international
— Musique espérance —
qui voudrait « consolider la paix en rendant à la bonne musique sa fonction de communication solidaire entre les hommes et entre les peuples ».

-------- par Miguel Angel Estrella --------

De mon expérience passée, je retiens que la musique est une sorte de révélation.
Depuis mon adolescence, et encore maintenant, quand je découvre des nouvelles œuvres musicales, j’éprouve un immense plaisir intérieur. De là ma conviction que la musique possède un très grand pouvoir de communication et que, quand nous faisons de la musique, nous racontons des choses, même inconsciemment. Face à un public, par exemple, qui n’a jamais vu de piano ou de clarinette, je me rends compte que le premier contact avec la musique est une révélation et qu’il s’est créé alors une sorte de communion presque religieuse entre la musique et ces gens. Je crois que notre art a été détourné depuis longtemps, surtout au cours des trente dernières années ; la musique est devenue l’objet d’une compétition dans le seul but d’atteindre la célébrité ou la fortune. La musique a été détournée de son rôle fondamental qui est de communiquer.
Qui peut, en effet, comme elle, parler à tout le monde sans que les gens connaissent ses codes ?

Il arrive que, quand nous jouons, nous sommes dans un tel état d’hypersensibilité que des centaines d’idées nouvelles nous viennent à l’esprit, inspirées par la présence du public. Alors, pour certaines œuvres très engagées sur le plan émotionnel, le répertoire romantique par exemple, les sonates dramatiques de Beethoven, c’est seulement après les avoir jouées en public une vingtaine de fois qu’on commence à trouver la ligne sereine et passionnée, de l’expression musicale.

Portrait abstrait de Beethoven Palette Knife Painting

Dans les prisons ou chez les paysans on joue plusieurs fois de suite le même morceau,
ce qui ne se fait pas dans les concerts. Alors il faut chercher l’image qui correspond à la musique, un moment de créativité, de complicité plus fort. A la prison des Baumettes, à Marseille, je jouais une pièce de Jean-Sébastien Bach et un détenu a raconté qu’il s’était senti ailleurs, qu’il avait voyagé avec cette musique et qu’il s’était retrouvé en Suisse, ce qui ne l’intéressait pas du tout ; derrière lui, il avait vu un château qui ne l’intéressait pas non plus, et devant il y avait un lac. Ce lac était important à cause de la couleur de l’eau, qu’il n’avait jamais vue. Un autre m’a dit : « J’étais également ailleurs, j’étais assis au bord d’une rivière où l’eau coulait sereinement. » Et un autre a simplement commenté : « Il pleut. » Or je n’avais pas du tout parlé de mes impressions à moi, j’avais simplement joué trois fois le morceau.
Après, j’ai sorti la partition où j’avais marqué mes premières impressions en travaillant cette œuvre :
« L’eau qui coule sereinement ».
Ainsi nous avions partagé l’idée que nous avons de l’eau.

Un jour, un détenu m’a parlé d’une musique, probablement commerciale.
Je lui ai demandé de quoi parlait cette musique. Il m’a dit :
« Cela s’appelle Lettre à ma mère. »
Alors je lui ai demandé : « Tu veux que je joue une lettre à ta mère ?
— Bien sûr. — Comment est-elle ta mère ? — Elle est bonne et elle a un amour fou, cette femme. »

Je lui ai joué un nocturne de Gabriel Fauré. Les détenus l’ont écouté dans un silence total et me l’ont fait reprendre je ne sais combien de fois.

Ce même nocturne je l’ai joué, plus tard, au Nicaragua, devant un groupe de paysans qui n’étaient pas du tout habitués au piano. Je l’ai joué sans rien dire. A la fin, un paysan s’est levé : « Tu vois, cela, c’est comme si on avait résolu tous nos problèmes et qu’il ne restait plus que l’amour dans la vie. Donc on pourrait regarder le ciel et s’aimer les uns les autres. »
En Argentine, un paysan après un adagio de Beethoven s’est levé devant moi et s’est mis à crier :
« Continue à prier, frère ! »
Et je savais que c’était une prière. 

Miguel Angel Estrella, A quoi bon jouer du Beethoven quand les gens ont faim ?
Le Monde diplomatique (Juin 1989)

Beethoven_Klaviersonate_Nr_30

Par la force des charmes et l'harmonie céleste, j'apporterai aux hommes des rêves de douceur.
Par la puissance d'un amour infini et merveilleux, je rendrai leurs vies semblables au printemps.
Ludwig van Beethoven 

Ludwig Van Beethoven a Statue of Beethoven Is Caressed by a Naked Woman

When i'm listening
Beethoven
I'm still hearing
Bees beyond Heaven

©   Justinius Digitus, Comme un bourdonnement
                               Miel d'oreille

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Zhan Hong Xiao gagnant de Virtuose 2017 joue Beethoven

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité