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Just a Finger : Galerie Littéraire
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28 janvier 2021

Vae Victis !

  

 

 

Vae Victis ! 
(Malheur aux vaincus !)

Après avoir vaincu les Romains et mis à sac la ville de Rome, Brennus consentit à se retirer
moyennant le prix de mille livres d'or (fameux épisode des oies du Capitole).
Lorsque le tribut fut pesé, il jeta sa lourde épée dans la balance
et exigea qu'on rajoutât son poids d'or en s'écriant :
Vae Victis !

Histoire-france.net

Dmitri Pryahin - Macaroni samurai Samurai

« Taisez-vous ! »

Ce 9 janvier 2021, onze jours avant la fin du mandat de M. Donald Trump,
et alors que même une partie de ses féaux républicains l’avaient lâché, Twitter a décidé de fermer son compte, et Facebook de le suspendre. Les méfaits de l’ancien président n’étaient pourtant pas plus meurtriers que ceux de la CIA ou d’autres chefs d’État dont les comptes n’ont jamais été menacés ; prétendre (à tort) que sa défaite électorale avait été obtenue par la fraude n’était pas plus pendable que d’avoir menacé (sur Twitter) la Corée du Nord du feu nucléaire. Et les « discours de haine » que les plates-formes électroniques reprochent aujourd’hui à M. Trump, après en avoir énormément profité, n’égalent pas la gravité extrême de ceux que ces mêmes réseaux « sociaux » ont diffusés en Birmanie ou en Inde contre les minorités musulmanes. Mais Twitter et Facebook ne se caractérisent ni par leur cohérence, ni par leur courage. Enhardis par l’incroyable mansuétude avec laquelle gouvernements et individus les ont laissés agir et grandir, ils en ont déduit que tout leur était permis. Qu’ils puissent clouer le bec au président des États-Unis donne la mesure vertigineuse du pouvoir qu’ils ont acquis.

Cependant, quand la droite américaine s’en indigne, on est presque tenté de lui répliquer : n’est-ce pas vous et vos penseurs de Chicago qui avez installé l’idée que la puissance publique ne devait brider ni le pouvoir des entreprises, ni la fortune de leurs propriétaires, légitimés selon vous par le libre choix des consommateurs (1) ? Eh bien, ce « populisme de marché », vous en devenez aujourd’hui les victimes. Le premier amendement de la Constitution américaine protège la libre expression contre une censure de l’État fédéral et des gouvernements locaux, mais pas contre celle des entreprises privées en situation de monopole. Leur « expression », c’est votre silence. Vae victis, en somme, et tout le pouvoir aux Gafam (2) lorsqu’ils vous font taire !

Or voilà l’autre danger des gens dangereux et des idées qu’ils portent.
On accepte tout pour s’en protéger, y compris la suspension indéterminée des libertés ordinaires. Mais, quand il s’agit de combattre les idées terroristes, racistes, antisémites, « séparatistes », la guerre n’est jamais gagnée, encore moins conclue, par une capitulation officielle du vaincu. Elle ne connaîtra qu’un état d’exception qui dure et qu’on durcit. Rien de plus facile, en effet, que d’identifier une cible détestée à laquelle nul ne souhaitera paraître s’associer, puis d’élargir sans cesse le périmètre des anathèmes et des interdits. Les adversaires des guerres d’Afghanistan et d’Irak furent qualifiés d’avocats d’Al-Qaida ; les critiques de la politique d’Israël, d’antisémites ; ceux que le prêchi-prêcha universitaire importé des États-Unis accable, de trumpistes ou de racistes. Dans des cas pareils, on ne cherche plus à contredire ses adversaires, mais à les faire taire.

Et c’est ainsi, dans un silence inquiétant, que l’assassinat de Samuel Paty a servi de prétexte
à la dissolution du Collectif contre l’islamophobie en France. Comme si, jour après jour, loin d’étendre le périmètre des libertés, l’explosion des communications installait des sociétés disciplinaires qui nous condamnent à faire la navette entre nos lieux d’enfermement.

(1) Un argument formulé par le penseur reaganien William F. Buckley Jr. - (2) Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft.
Lire « Stratagème de la droite américaine, mobiliser le peuple contre les intellectuels »

Serge Halimi , « Taisez-vous ! »

Écouter cet article  (3:25 • Lu par Marine Behar)

Dmitri Pryahin - 2

Si nous devons mourir, ne mourons point sans gloire,
Et forçons l'ennemi de pleurer sa victoire.
J'aime bien mieux me perdre en la perte des siens
Que d'en laisser l'honneur au plus lâche des miens.

Gautier de Costes, La Mort de Mithridate

Dmitri Pryahin Captures Raw Inner Monologues in Unusual Expressions

Un des dictons populaires le plus généralement accrédités est certainement celui
qui attribue au Temps le titre de Grand Consolateur.
Et il n'en est peut-être pas qui exprime aussi imparfaitement la vérité.
Le travail qui nous est imposé, la responsabilité qu'il faut encourir, les exemples que nous devons à autrui, voilà les grands consolateurs. Le Temps n'a que la vertu négative d'aider la douleur à s'user elle-même. Quel de nous (de ceux-là s'entend qui étudient les phénomènes moraux) n'a pas remarqué que le regret des morts s'effaçait le plus vite chez ceux qui ont le plus de devoirs à remplir envers les vivants? Quand l'ombre du malheur vient se poser sur notre toit, la question n'est pas de savoir combien il faudra de temps pour y ramener les rayons du soleil, mais quels travaux vont nous contraindre à marcher d'un pas plus ou moins rapide vers ce point de l'avenir où les rayons du soleil nous attendent.
Le Temps, qui peut revendiquer bien d'autres victoires, n'a jamais , à lui seul, vaincu la douleur.
Ce qui nous console le mieux du départ des morts, c'est l'impérieuse nécessité de pourvoir à l'existence de ceux qui leur survivent.

Wilkie Collins, Le Secret 

Dmitri Pryahin -1 

Une victoire n'est parfaite que si elle transforme le vaincu en allié.
Gustave Thibon, Vous serez comme des dieux 

Ezo-Ranier-Phobias

Aux vainqueurs
les divins culs
et
Aux vaincus
leurs défunts cœurs

©   Justinius Digitus : Mors, ubi est victoria tua ?
                                   Mort, où est ta victoire ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Photographie : Dmitri Pryahin - Ezo Renier

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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