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Just a Finger : Galerie Littéraire
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2 novembre 2020

Au-delà de l'en deçà

  

 

Les artistes sont des meurtriers de la mort.
Pascal Quignard, Les Ombres errantes 

Art and Death 

Cette saveur du temps qui passe, perçue avec une certaine conscience –
la plus grande que l’on puisse avoir –
était ma richesse souterraine, l’eau émanant de mon puits intérieur.
Je ne m’encombrais plus de la moindre ambition (…), et prenais seulement le temps d’approfondir mes observations.
Je remontais le plus loin possible des escaliers en cercles concentriques, très au-delà de l’au-delà, très en deçà de l’en-deçà.
Je ne souhaite pas avoir beaucoup vécu, ni beaucoup voyagé, ni beaucoup aimé (…), mais avoir beaucoup levé les yeux vers les choses, avec l’aide de mon âme pure et altruiste de miséreux, et avoir compris, dans la contemplation et dans la tolérance, la vanité de tout ; et compris que dans le vain, ce qui l’est le moins, c’est le bon et le beau.

Ramon Gomez de la Serna, Automoribundia 

Gustav Klimt, Death and Life, 1910-15, Leopold Museum, Vienna 

Chaque vie était une expiration du souffle divin, chaque mort une inspiration.
Celui qui savait se plier à ce rythme et qui ne refusait pas sa propre disparition, celui-là n'éprouvait aucune peine à mourir ni à naître. L'angoisse était réservée à la créature qui se débattait : il lui était difficile de mourir, et il lui coûtait d'être né.

Hermann Hesse, Klein et Wagner 

Gustav Klimt, Death and Life, 1910-15, Leopold Museum, Vienna, detail

 

 

La pire des prisons,
c'est la mort de son enfant,
celle-là, on en sort jamais.

Philippe Claudel

 

 

 

 

 

 Mère, donne-moi le soleil.
Henrik Ibsen, Les revenants

Egon-Schiele-Dead-MotherPour moi, ma mère avait toujours existé et je n’avais jamais sérieusement pensé que je la verrais disparaître un jour, bientôt. Sa fin se situait, comme sa naissance, dans un temps mythique. Quand je me disais : elle a l’âge de mourir, c’étaient des mots vides, comme tant de mots. Pour la première fois, j’apercevais en elle un cadavre en sursis. 

[...] Je m’étais attachée à cette moribonde.
Tandis que nous parlions dans la pénombre, j’apaisais un vieux regret : je reprenais le dialogue brisé pendant mon adolescence et que nos divergences et notre ressemblance ne nous avaient jamais permis de renouer. Et l’ancienne tendresse que j’avais crue tout à fait éteinte ressuscitait, depuis qu’il lui était possible de se glisser dans des mots et des gestes simples.

[...] Nous avons tiré de ce sursis un bénéfice certain ; il nous a sauvées - ou - presque - du remord.
Quand quelqu'un de cher disparaît, nous payons de mille regrets poignants la faute de survivre. Sa mort nous découvre sa singularité unique ; il devient vaste comme le monde que son absence anéantit pour lui, que sa présence faisait exister tout entier ; il nous semble qu'il aurait dû tenir plus de place dans notre vie : à la limite toute la place. Nous nous arrachons à ce vertige : il n'était qu'un individu parmi tant d'autres. Mais comme on ne fait jamais tout son possible, pour personne - même dans les limites, contestables, qu'on s'est fixées - il nous reste encore bien des reproches à nous. A l'égard de maman nous étions surtout coupables, ces dernières années, de négligences, d'omissions, d'abstentions. Il nous a semblé les avoir rachetés par ces journées consacrées, par la paix que lui donnait notre présence, par les victoires remportées contre la peur et la douleur.
Sans notre vigilance têtue, elle aurait souffert bien davantage. Simone de Beauvoir, Une mort très douce 

Munch,_The_dead_mother_and_the_child

 

 

Elle se souvint alors qu'elle avait eu l'impression,
le regard baissé sur le visage inexpressif de sa mère défunte,
que cela pouvait se produire.
S'échapper de son corps.
Que le corps était une manière de cage.
Que le moi, l'âme, ne vivait pas en cage.
Que ne pas avoir de cage était le but,
atteint dans la mort.

Laura Kasischke, Esprit d'hiver

 

 

 

Ce n'est pas sa vie que l'on regrette en mourant
mais la vie.
Henri de Régnier 

In 2010, Daphne Todd won the UK’s leading prize for portraiture

Les Mourants

La mort a changé et son image et son attente.
Avant la mort était une cérémonie quasi publique, la dernière et la plus solennelle de la vie. On restait chez soi entouré de sa famille et de ses amis.

Anciano en pena (En el umbral de eternidad) de Vincent van Gogh


On gardait un certain contrôle de la situation. Celui qui allait mourir avait mis ses affaires en ordre, fait son testament, reçu les derniers sacrements.
Ayant ainsi réglé ses affaires spirituelles et temporelles, il demandait qu’on le laissa mourir en paix.

- Aujourd’hui, celui qui va mourir l’ignore. On le traite comme un enfant; on lui cache la vérité. La famille se lasse de rendre visite à ce corps hérissé de tubes et, au cœur de la nuit, sans personne à ses côtés, il franchit le pas…

- Cette mort terrorise tant qu’il ne faut pas en parler, encore moins l’annoncer à ceux qui vont bientôt la rencontrer. C’est aussi le médecin qui se détourne, la famille qui s’éloigne.

Les mourants remarquent le vide qui se crée autour d’eux lorsque leur état s’aggrave. Ils le sentent et se réfugient dans le mutisme. Le grand malade est seul au monde. Il y a une espèce d’incommunicabilité avec le mourant. Beaucoup de moribonds prennent conscience de leur état par des modifications de l’entourage et de l’équipe soignante. Au moment où ils se rendent compte qu’ils n’en ont plus pour longtemps certains souhaiteraient parler de leur mort et ils le feraient peut être s’ils avaient le sentiment d’avoir en face d’eux quelqu’un prêt à les entendre...

Ce sont les vivants et non les mourants qui ont peur de parler de la mort.
Crise de la fin de vie, cortège de souffrances physiques et psychiques qui renvoient leurs interlocuteurs à leur propre vie, à leur propre mort.
Difficile travail de deuil mais aussi émotions, sentiments contradictoires où se côtoient peine et joie, révolte et espérance, renoncements et attentes,
Landseer_Edwin-Old_Shepherds_Chief_Mourner_1837lucidité et déni, angoisse et parfois sérénité. Les craintes le plus souvent exprimées concernent essentiellement la souffrance et la solitude.

Conclusions

La crainte de la mort a toujours existé même aux périodes de la foi et c’est une réaction bien humaine que d’en évoquer le moins possible la pensée mais elle n’a jamais été aussi mal perçue que dans notre civilisation avec deux explications possibles :
- Goût poussé du plaisir et du confort tant physique qu’intellectuel.
L’évitement de tout désagrément a pour corollaire le déni d’une réalité aussi insoutenable que la mort.
- L’agonie est à bien des égards plus cruelle qu’autrefois et le mourant est plus seul car tout est devenu mécanique et sans âme.

Claude Bersay (Secrétaire général de la Société de Thanatologie), La peur de la mort (février 2008) 

 

Un véritable ami vous poignarde de face.
Oscar Wilde

Félix Vallotton - Cadavres 

Pour créer son propre paradis,
il faut puiser dans son enfer personnel.
Frida Kahlo 

Fille avec un masque de mort [Niña con máscara de calavera]

 

 

Bien souvent je me dis qu'il vaudrait mieux
que j'aille goûter les pissenlits par la racine,
tu ne crois pas ?
Je ne pourrai jamais rien faire avec cette maudite maladie,
et si c'est comme ça à dix-sept ans,
je veux même pas imaginer comment je serai plus tard.
Lettres 1922-1954

La tristesse est reflétée
dans chaque recoin de mes tableaux,
je ne vois pas la moindre issue
car c'est bel et bien mon lot.

 

J’ai eu deux gros accidents dans ma vie :
le tramway et Diego.
Diego est de loin le pire.

Frida Kahlo 

 

 

Quand je peins la maladie et la souffrance, je ressens, au contraire une libération bénéfique.
C'est là une saine réaction qui m'apprend à vivre et à avancer.
Edvard Munch 

Edvard Munch - 1895 agonie

Vous tous, innombrables, qui êtes morts avant moi, aidez-moi.
Dites-moi comment vous avez fait pour mourir, pour accepter.
Apprenez-le moi.
Que votre exemple me console, que je m'appuie sur vous comme sur des béquilles, comme sur des bras fraternels. Aidez-moi à franchir la porte que vous avez franchie. Revenez de ce côté-ci un instant pour me secourir. Aidez-moi, vous, qui avez eu peur et n'avez pas voulu. Comment cela s'est-il passé ? Qui vous a soutenus ? Qui vous a entraînés, qui vous a poussés ? Avez-vous eu peur jusqu'à la fin ? Et vous, qui étiez forts et courageux, qui avez consenti à mourir avec indifférence et sérénité, apprenez-moi l'indifférence, apprenez-moi la sérénité, apprenez-moi la résignation.
Eugène Ionesco, Le Roi se meurt

Niki de Saint Phalle – La mort du patriarche, 1962 アートワーク, イラスト, 絵

 

Niki de Saint Phalle

 

J'imaginais la peinture se mettant à saigner.
Blessée de la manière dont les gens peuvent être blessés.
Pour moi la peinture devenait une personne
avec des sentiments et des sensations.

 

Hélas !
Les hommes manquent souvent d'imagination,
très peu osent franchir la limite qui les sépare d'eux mêmes.
Ils ne conçoivent pas qu'à chaque instant une autre vie,
riche en possibilités s'offre à eux
au-delà de la respectabilité et du conformisme.
De ce manque d'imagination les plus doués
et les plus orgueilleux restent inconsolables.
Mon secret

 

J'ai écrit ce livre d'abord pour moi-même,
pour tenter de me délivrer enfin de ce drame
qui a joué un rôle si déterminant dans ma vie.
Je suis une rescapée de la mort,
j'avais besoin de laisser la petite fille en moi parler enfin.
Mon texte est le cri désespéré de la petite fille.
Traces                                      

 

 

Deux fois, et par ma faute, j'ai été près de la perdre.
Je l'ai rencontrée au Louvre, devant la Vénus de Milo, un matin d'automne de 1938.
Pendant qu'elle tournait autour de la statue, je tournais autour d'elle.
dia-de-los-muertos-wedding-pristine-cartera-turkusJe vis aussitôt qu'elle était étrangère ;

tout en témoignait sa toque de velours violet, son manteau étroitement serré sur sa taille mince alors que ses hanches se déployaient voluptueusement, et je ne sais quoi de répandu sur toute sa personne. Plus tard je compris que son étrangeté n'était pas seulement d'apparence.
Tout en tournant, nous nous regardions. Jamais il ne m'était arrivé de parler à une femme que je ne connaissais pas si je
la voyais par hasard dans la rue ou dans un lieu public; pourtant je m'avançai soudain. J'ignorais bien entendu que ce fût elle, mais quelque chose en moi le savait; c'est pourquoi je l'observais avec tant d'intérêt, de curiosité, comme si je pressentais qu'elle recelait ce qu'aucune femme ne m'avait encore donné.

C'est ainsi, moi bavardant, elle répondant doucement, courtement, que nous nous frida-dia-de-los-muertos-pristine-cartera-turkusdirigeâmes vers la sortie, que je lui tendis la main.
«Au revoir. Au revoir.» Avec beaucoup d'r, et une voix, un accent qui me ravissaient.
Au revoir, c'est-à-dire adieu, puisque nous nous quittions sans savoir qui nous étions, sans nous donner d'adresse.

[...] Durant nos premières rencontres, avant que nous fussions charnellement unis,
j'appuyais doucement ma main sur la sienne tel un oiseleur, afin qu'elle comprenne bien que nos corps seuls n'étaient pas en jeu, que cœur et âme suivaient, précédaient. Les mots que j'avais refusés aux autres me venaient spontanément à la bouche. Il me semblait que personne ne les avait dits avant moi tant ils sonnaient juste et exprimaient parfaitement ce que je ressentais. Je savais, au moment même où je les prononçais, que ma chance était inespérée, qu'il est des quantités d'hommes et de femmes qui mourront sans l'avoir eue, de même que j'ignorais, avant, qu'il pût exister un univers privilégié tel que celui où je venais d'avoir accès. Et ces mots, à notre tour, nous pourrons les entendre sans nous en lasser, parce qu'ils n'ont jamais été dits de cette manière, par ces lèvres-là, avec ce sourire,
cette conviction ingénue; leur répétition, loin de les ternir, leur donne plus d'éclat encore.                                

Marc Bernard, La Mort de la bien-aimée 

Picasso-Death-of-Casagemas

Pourquoi Picasso s’est-il mis à peindre en bleu entre 1901 et 1904 ?

Tout le monde se posa longtemps la question jusqu’à ce que Picasso y réponde lui-même en 1965. Il dévoila alors pour la première fois au public ce tableau, La mort de Casagemas, qu’il avait peint 64 ans plus tôt, en 1901.
Il déclara alors « C’est en pensant que Casagemas était mort que je me suis mis à peindre en bleu ».

Derrière ce tableau, se cache une folle histoire d’amour et d’amitié qui se termine mal.
Tout commence en 1900. Picasso n’a que 19 ans et fréquente le cabaret Els Quatre Gats à Barcelone où il rencontre de nombreux jeunes artistes, dont Carlos Casagamas. Les deux jeunes hommes deviennent rapidement inséparables. Ils rêvent de se rendre à Paris qui est alors la capitale de 'Life' is a painting by Pablo Picasso, and part of his Blue Period collectionl’avant-garde artistique. Casagemas, plus à l’aise financièrement que Picasso, propose à son ami de financer leur voyage. Les deux artistes s’installent à Montmartre et se lient rapidement avec Odette, Germaine et Antoinette, un trio féminin qui pose souvent pour eux comme modèles. Picasso commence à fréquenter Odette et Casagemas tombe éperdument amoureux de Germaine. Alors que Casagemas est un jeune homme fier et sensible, Germaine est une femme volage qui multiplie les aventures. Voyant que Germaine lui échappe, Casgemas plonge progressivement dans la dépression et l’alcool. Picasso décide alors d’éloigner son ami de sa maitresse et de passer les fêtes de fin d’année avec lui à Malaga. Cependant, Germaine continue de faire tourner la tête de Casagemas et dès la mi-janvier, alors que Picasso reste en Espagne, il décide de retourner à Paris pour revoir sa maitresse. Le 17 février 1901, il convie quelques amis, dont Germaine, au café L’Hippodrome, boulevard de Clichy. Durant le dîner, il se lève et prononce un discours puis sort brusquement un pistolet avec lequel il vise Germaine. Celle-ci échappe à la balle en se jetant au sol. Casagemas retourne alors le pistolet contre lui et se tire une balle dans la tête. Il mourra quelques heures plus tard.      Les yeux d'Argus

Evocation ou l'Enterrement de Casagemas (1901) 150

 

 

 

Si je mourais cette nuit
si je pouvais mourir
si je me mourais
si ce coït féroce
interminable
acharné et sans clémence
étreinte sans pitié
baiser sans trêve
atteignait son pinacle et se relâchait
si maintenant même
si maintenant
en entrouvrant les yeux je mourais
je sentirais que ça y est
que la lutte a cessé
la lumière ne serait plus un faisceau d’épées
l’air ne serait plus un faisceau d’épées
la douleur des autres et l’amour et la vie
tout cela ne serait plus un faisceau d’épées
et aurait raison de moi
pour moi
pour toujours
et que cela ne fasse plus mal.

Idea Vilariño – Si je mourais cette nuit… 5 septembre 1952

 

 

Pinacoteca-Brera-Attorno-a-Mantegna-1024x768 Mantegna and his famous Dead Christ

 

 

 

 

L'agonie de l'homme est sordide
Comme une lente crucifixion.
On n'arrive pas à faire le vide ;
On meurt avec ses illusions.

Michel Houellebecq
Rester vivant et autres textes

 

 

 

 

 

I don't think
about Art
when I'm working.
I try to think
about life.
Jean-Michel Basquiat

jean-michel-basquiat--riding-with-death 

Être jeune, c'est n'avoir perdu personne encore.
Mais ensuite nos morts nous entraînent avec eux, et chacun est un rocher jeté dans notre mémoire qui fait monter notre ligne de flottaison.
À la fin, nous dérivons à fleur d'eau, à fleur d'existence, n'offrant plus aux vivants que juste ce qu'il faut de regards et de paroles pour leur faire croire que nous sommes de ce monde.

Michel Tournier, Petites proses

Shock Troops Advance under Gas by Otto Dix 1924

 

Je refuse la guerre et tout ce qu'il y a dedans.

Je ne la déplore pas moi... Je ne me résigne pas moi...
Je la refuse tout net avec tous les hommes qu'elle contient, je ne veux rien avoir à faire avec eux, avec elle.
Seraient ils 995 même et moi tout seul, c'est eux qui ont tort et c'est moi qui ai raison
car je suis le seul à savoir ce que je veux :
je ne veux plus mourir.

Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit

 

Otto Dix Le Triomphe de la Mort (1934)

 

 

 

 

 

Je n'ai pas peint des scènes de guerre pour empêcher la guerre ;
jamais je n'aurais eu cette prétention.
Je les ai peintes pour conjurer la guerre.
Tout art est conjuration.
Je peins aussi des rêves et des visions, les rêves et les visions de mon époque, les rêves et les visions de tous les êtres humains.

Si les situations extraordinaires révèlent l'homme dans sa vraie grandeur,
elles nous en montrent aussi toute sa dépravation, toute sa bestialité.

Otto Dix

 

 

 

 

 

Pourquoi tuer ?
Pour survivre.
Et pourquoi survivre ?
Pour tuer ?
René Barjavel, La faim du tigre

The Triumph of Death painted by Pieter Bruegel the Older in 1562

 

Documentaire de Bernard Martin  Le Triomphe de la Mort. Pieter Brueghel l'Ancien (13' 53'')

Dans l’histoire de l’humanité à certains endroit et à diverses époques, il est souvent arrivé que la mort triomphe.
La folie des hommes, leur sectarisme et leur avidité ont toujours provoqué des guerres aux conséquences terribles pour les populations civiles. Brueghel en tant qu’humaniste dénonce cet état de fait. 

L'art est la présence dans la vie de ce qui devrait appartenir à la mort ;
le musée est le seul lieu du monde qui échappe à la mort.
André Malraux

 L'œuvre Le Cube - Centre Pompidou

 

 

 

Cette difficulté à saisir le visage dans son unicité est le sujet d'une sculpture de Giacometti
qu'il réalise en 1934 intitulée Le cube et qui représente un visage. Le volume géométrique irrégulier considéré comme le seul objet "abstrait" fait exception dans son "style". Cette tête aveugle réalisée par Giacometti après le décès de son père, semble une matérialisation de la mort sous les apparences de la vie et, avec la mort de l'effacement du visage. Elle est profondément mélancolique, semblant n'avoir autre objet que de dire cette perte. L'aura se déplace de la manifestation d'une présence en acte à son retrait, signe précisément que la présence manque à l'appel. Le Cube de Giacometti est un objet aniconique. Il exprime la catastrophe d'une absence et d'une figuration impossible. Et pourtant, ce bloc de solitude aux arêtes tranchantes et aux multiples facettes sauve un je-ne-sais-quoi de l'obscurité des êtres qui vont mourir en se tenant au plus près de la blessure de la perte.

Nathalie Sarthou-Lajus Sauver nos vies 

 

 

 

Tant d'années se sont écoulées depuis qu'elle est morte !
Où es tu, maintenant, petite mère ? Au ciel, sur la terre ?
Je suis ici, loin de toi. Je serais plus à laise, si j'avais été plus près de toi ;
au moins, aurais je regardé ton monument, touché ta pierre.
Ah ! maman. Je ne peux plus prier et je pleure de plus en plus rarement.
Mais mon âme pense à toi, à moi, et ma pensée se consume dans le chagrin.

Marc Chagall, Ma vie

Lamon Death of Dorcon Daphnis and Chloe

 

Maira Kalman, Man in the Snow, 2012

 

Déjà je l'imagine
tombant sur mon cadavre -
la neige
Kyoshi Takayama

 

 

 

 

Salvador Dalí Death 1984

 

 

 

Les dieux sont morts.
Oui, ils sont morts de rire en entendant
l'un d'eux dire qu'il était le seul.

Friedrich Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra

 

 

 

Lorsque j'ouvris Nietzsche pour la première fois,
je fus profondément choqué.
Noir sur blanc, il avait l'audace d'affirmer : "Dieu est mort !
" Comment ! Je venais d'apprendre que Dieu n'existait pas
et maintenant quelqu'un me faisait part de son décès !
Mes premiers soupçons prirent naissance.

Salvador Dalí, Journal d'un génie

 

 

 

Personne ne peut vous sauver à part vous-même.

Vous serez jeté encore et encore
Dans des situations presque impossibles.
Ils essaieront encore et encore
Par des subterfuges, la tromperie, la force,
De vous soumettre, abandonner et/ou mourir à l’intérieur.

death-in-lonelynessPersonne ne peut vous sauver à part vous-même
Et il serait facile d’échouer,
Si facile.
Mais non, non, non.
Regardez-les simplement
Ecoutez-les.
Voulez-vous être comme ça ?
Un être sans visage, sans esprit, sans cœur ?
Voulez-vous expérimenter la mort avant la mort ?

Personne ne peut vous sauver à part vous-même.
Et vous valez la peine d’être sauvé.
C’est une guerre pas facile à gagner
Mais si quelque chose vaut bien la peine d’être sauvé
Là voilà.

Pensez-y.
Pensez à vous sauver.

Charles Bukowski, Sifting Through the Madness for the Word, the Line, the Way

 

 

La mort n'a rien de tragique.
Dans cent ans, chacun de nous n'y pensera plus.
Boris Vian

georges-braque-studio-avec-crane

- C'est un Braque n'est-ce pas ?
- Le chien ? - Je parlais du tableau !
- Non c'est belle-maman

©   Justinius Digitus, La vraisemblance n'est que trompe-l'œil

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gustav Klimt, Death and Life detail

La mort est le meilleur médecin.
Une visite lui suffit.
Paul Masson, Les Pensées d'un Yogi

 

Optimisé pour un affichage 1920x1080

 

 

 

 

 

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